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Cagnac-les-Mines dans le Tarn est dans l’œil du cyclone ce 13 décembre. Deux ans après la disparition de Delphine Jubillar, une reconstitution est organisée avec le principal suspect, le mari Cédric, incarcéré depuis 18 mois. Le ténor du barreau toulousain Georges Catala ne croit pas à un tournant.
Il a plaidé dans les plus grandes affaires toulousaines : l’affaire Viguier bien sûr pour qui il a obtenu l’acquittement, plus récemment le meurtre de Maureen Jacquier par un ouvrier Airbus, ou encore celui d’Eva Bourseau surnommé l’affaire « Breaking Bad ». Me Georges Catala est aussi l’avocat de la famille Wagon, les parents de la petite Marion à Agen. Il connait le droit pénal et l’appareil judiciaire par cœur. Alors qu’une toute première reconstitution est organisée ce mardi 13 décembre à Cagnac-les-Mines au domicile des Jubillar, le ténor du barreau estime qu’un retournement de situation serait « miraculeux« .
Cette reconstitution est-elle un moment-clé ?
« Cela pourrait l’être car c’est un acte de procédure qui s’inscrit à la fin de la procédure. Quand « tout est plié », le juge d’instruction décide de faire une reconstitution, c’est-à-dire de placer des gens dans ce mauvais théâtre qu’est la scène criminelle. Quelquefois, les acteurs ne sont pas à la hauteur, que ce soit au niveau de la justice, au niveau des avocats ou au niveau du mis en examen dans l’affaire qui nous préoccupe. Ce qui nous concerne, c’est ce qui concerne l’entendement humain, c’est la façon dont Jubillar va réagir. À mon avis, il n’y aura pas de surprise. C’est un homme qui a contesté bec et ongles une quelconque responsabilité dans la disparition de sa femme depuis le début. Il faudrait quelque chose de miraculeux pour que l’on puisse considérer que cette reconstitution apporte quelque chose.
Pensez-vous qu’il y aura un procès en 2024 ?
Je pense que la justice se considère, aidée en cela par une presse unanime, que cet homme est censé être coupable. Mais quand on analyse le dossier ou quand on examine ce que l’on peut examiner dans le cadre du dossier, on s’aperçoit que au niveau des preuves, c’est le néant vaste et noir. Tant et si bien que si je Jubillar va devant la cour d’assises va se poser ule même problème que j’ai connu dans une affaire importante : où sont les preuves ?
Vous parlez de l’affaire Jacques Viguier. blanchi à deux reprises en 2009 et 2010. Il y a eu justement dans cette affaire une reconstitution qui a été un moment clé. Racontez-nous.
Oui, il y a eu une reconstitution parce que, avec un entêtement singulier, la justice considérait que Jacques Viguier avait commis des faits entre 11h et 11h15. Or, lui disait avoir fait un footing. Alors, plutôt que de contester le fait qu’il ait fait un footing, la justice lui a demandé de prouvé qu’il en était coupable. Et on a fait courir Jacques Viguier sur l’itinéraire qu’il avait décrit initialement. Et bien entendu, Jacques Viguier, sans aucune difficulté, bien qu’il ait neuf mois de détention dans les jambes, a fait son footing dans un temps record et a apporté la démonstration qu’il était tout à fait capable de faire un footing entre 11h et 11h15. C’est une démarche un peu puérile de la justice. Nous, nous avions donné toutes les satisfactions nécessaires pour remplir l’examen.
Cela a donc servi au procès pour innocenter votre client. Peut-on imaginer que la reconstitution à Cagnac aille dans le sens de Cédric Jubillar ?
Je pense que Jubillar, qui est défendu par des avocats de grande qualité, ne va pas participer à la reconstitution. Pourquoi voulez-vous qu’il participe dans la mesure où il défend la thèse selon laquelle il n’a pas participé au meurtre ? Il va donc vraisemblablement rester dans la panier à salade et peut-être que l’accusation remplacera Jubillar par un mannequin pour tenter de reconstituer les faits avec une difficulté absolue.
La présence des parties civiles peut-elle jouer ?
Je ne connais pas le dossier mais il y aurait des voisines qui auraient entendu des cris. Alors, si l’on place les voisines dans une certaine configuration et qu’il est démontré que les cris émanant de l’endroit qu’elles définissent sont incapables d’arriver à leurs oreilles, alors ce sera deux témoins de moins. Ce sont des choses qui peuvent très bien arriver. Je me souviens avoir défendu un personnage qui considérait être coupable d’un crime affreux, à la reconstitution, on lui faire refaire les gestes et on s’aperçoit qu’il est incapable de les faire. Et finalement, c’était un immense mythomane, Tout est possible dans ce mauvais théâtre. Mais dans l’hypothèse qui nous préoccupe, je pense et je crains que la reconstitution n’apporte pas grand chose.
Les avocats ont été très surpris de la demande des juges d’instruction de ne pas venir avec leurs téléphones portables pour cette reconstitution. Maître Alexandra Martin, a dit qu’il ne obéirait pas. Il parle d’une injure faite aux avocats. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que les avocats sont souvent mal traités quand le dossier est vide et que l’accusation est un appareil répressif avec des gendarmes en pagaille, la police scientifique, des juges d’instruction, des procureurs. Bref, on est seul contre tous ». Je ne crois pas ici qu’il existe un texte qui interdise à l’avocat de venir avec un portable ».
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