Prisons à Diyarbakır : "c'est l'impunité qui règne" – KEDISTAN – Kedistan

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Publié par Loez | 14 Déc 2022 | Actualité, Loez, Reportages, Répression d’Etat
Özüm Vur­gun est avo­cate et coprési­dente de la branche d’Amed (Diyarbakır) de l’Association des juristes pour la lib­erté (ÖHD). Cela fait cinq ans qu’elle a pris la robe, aban­don­nant sa car­rière d’ingénieure en élec­tron­ique pour se con­sacr­er à la défense des droits humains. Turque, elle a choisi de venir s’in­staller et agir à Amed. Can­di­date pour être députée du Par­ti démoc­ra­tique des peu­ples (HDP), elle a aus­si du affron­ter un juge­ment pour “appar­te­nance à une organ­i­sa­tion illé­gale”. Nous l’avons ren­con­trée en févri­er 2022.
Quelle est la sit­u­a­tion dans les prisons ?
Actuelle­ment la sit­u­a­tion des pris­ons est vrai­ment mau­vaise. Dans des quartiers pour trois per­son­nes, 16 per­son­nes sont entassées. Imag­inez le lieu sur deux étages. Une petite prom­e­nade, un dor­toir à l’é­tage conçu pour 3 per­son­nes. Elles dor­ment sur le sol même. Le surpe­u­ple­ment est vrai aus­si bien pour les poli­tiques que droit com­mun. De plus en Turquie, des con­struc­tions de prison ne cesse pas.
En fait cela démon­tre quel État chao­tique et sans droit est dev­enue la Turquie…
Notre prob­lème prin­ci­pal est l’isole­ment. La tor­ture, aus­si. Lorsqu’on con­fisque les droits con­sti­tu­tion­nels d’une per­son­ne, le droit à la san­té, le droit à la vie, tout peut être fait. Un exem­ple, la prison de femmes à Diyarbakır. Plusieurs des pris­on­nières ont des mass­es can­céreuses à l’utérus et aux seins. Par­mi elles il y a de très jeunes femmes. Nor­male­ment, les femmes peu­vent se faire diag­nos­ti­quer rel­a­tive­ment tôt en faisant des con­trôles réguliers, dès leur jeune âge, et ain­si se faire soign­er à temps. En prison, elles n’ont pas accès à tout cela. Même si elle le deman­dent, elles ne l’ob­ti­en­nent pas.
Il y a des mères avec enfants de bas âge. Pour les enfants, c’est un envi­ron­nement très dif­fi­cile. On n’au­torise pas aux enfants d’avoir des crayons de couleur, imag­inez-vous ? Pour les livres de colo­riage, les crayons sont don­nés avec des horaires. Et toutes les couleurs en même temps. Si on donne le rouge, il n’y a pas le jaune, s’il y a le jaune, il n’y a pas le vert (ndlr : couleurs du dra­peau kurde).
Dans la plu­part des pris­ons à Diyarbakır, par­ti­c­ulière­ment celles de haute sécu­rité, des caméras sont placées dans les toi­lettes et salles de bain. C’est un prob­lème plus impor­tant pour les femmes. Dans les pris­ons de femmes il y a des gar­di­ennes. Mais les images de caméra sont vision­nées par des hommes, qui sont les supérieurs.
En plus des prob­lèmes de la vie ordi­naire des pris­ons, il y a aus­si ceux d’or­dre juridique. Ce que nous appelons l’exé­cu­tion des peines. Les gar­di­ens, les admin­is­tra­tions et les directeurs des pris­ons, intimi­dent les prisonnier.es, — poli­tiques ou de droit pénal, cela ne change pas — avec la men­ace de procès ver­baux. En Turquie, en 2019, il y a eu une réforme car­cérale. L’an­cien règle­ment dis­ait que si un pris­on­nier rece­vait trois sanc­tions dis­ci­plinaires impor­tantes, comme une sanc­tion d’isole­ment par exem­ple, “sa libéra­tion serait brûlée” (ndlr : expres­sion en turque). Cela veut dire que la per­son­ne ne peut plus béné­fici­er d’une remise de peine. C’é­tait un moyen de forcer les pris­on­niers à respecter les règles en prison.
Avec le nou­veau règle­ment, le fait d’avoir eu des sanc­tions dis­ci­plinaires, d’isole­ment n’est plus un prob­lème. Mais, le pro­cureur de la prison, un gar­di­en respon­s­able, le psy­cho­logue de la prison, le médecin de la prison, qui ensem­ble com­posent le “con­seil d’ob­ser­va­tion”, ren­con­trent le pris­on­nier en face à face, et lui deman­dent par exem­ple “regrettes-tu d’avoir com­mis ton crime ?”. Jamais un pris­on­nier poli­tique ne dirait “je regrette”… Il répond alors “non”. Le con­seil décide alors d’une “absence de bon com­porte­ment”, qui fera qu’il ne sera pas libéré.
C’est totale­ment arbi­traire. Parce que ces gens, assis là, sont tou­jours ensem­bles, sont employés de l’É­tat, ils ne peu­vent pren­dre de déci­sions indépen­dantes. Le médecin, le psy n’ont aucune lib­erté. La per­spec­tive des pro­cureurs est elle très clair. Le gar­di­en respon­s­able pense pareil que le pro­cureur et les autres. Sans être méprisante, mais on peut pos­er la ques­tion, sou­vent diplômé seule­ment du col­lège, quel est son niveau de con­nais­sance de la Loi ?
Les con­damnés des Devlet Güven­lik Mahkemeleri (ndlr : cours de sûreté de l’É­tat, actives de 1973 au 2004) ont sou­vent reçu des peines de 30 ans. La peine la plus lourde en Turquie c’est la “per­pé­tu­ité incom­press­ible” (ndlr : sub­sti­tut de la peine de mort, depuis son abo­li­tion en 2004 en Turquie), pour le crime d’avoir “atten­té à l’u­nité et l’in­tégrité de l’É­tat”. Mais on peut cumuler. Par exem­ple si en plus de cela, vous avez tué un fonc­tion­naire d’É­tat, vous êtes con­damné à deux per­pé­tu­ités incom­press­ibles. Selon la loi, une per­son­ne con­damnée à la “per­pé­tu­ité incom­press­ible”, reste en prison 36 ans. A la 30ème année, elle peut être libérée sous con­di­tion. Actuelle­ment, les premier.es condamné.es à de telles peines doivent être libérés petit à petit. Certain.es sont libéré.es, aujour­d’hui, cinq per­son­nes ont retrou­vé leur lib­erté par exemple.
Après 30 ans…
Oui après 30 ans. Mais pour la plu­part, il ne se passe rien. Pour que les prisonnier.es puis­sent être libéré.es sous con­di­tion, iels doivent être déclaré.es de “bon com­porte­ment”. Le “con­seil d’ob­ser­va­tion” est alors réu­ni. Celui-ci doit don­ner son feu vert. Mais comme iels n’ar­rivent pas obtenir ce statut, iels ne sont pas libéré.es. Dans un cas, “le bon com­porte­ment” d’un pris­on­nier con­damné à 36 ans en de prison a été refusé et sa peine aug­men­tée à 45 ans. C’est illé­gal. En fait, c’est lié au fait que le pro­cureur ne con­naisse pas la loi, il a donc pris une déci­sion à la tête du client. Actuelle­ment nous tra­vail­lons sur ce cas.
La plu­part des con­damna­tions sont “per­pé­tu­ité incom­press­ible”… Si un.e combattant.e de la guéril­la est arrêté.e pen­dant des affron­te­ments, “per­pé­tu­ité incom­press­ible”… Avec accu­mu­la­tion de plusieurs accu­sa­tions, usage d’ex­plosifs, déten­tion d’armes etc… Il y a même des per­son­nes con­damnées à 150 ans…
Qui ne sor­tiront jamais.
Non…
Zehra Doğan, Prison n°5, Edi­tions Delcourt
Com­ment la crise économique affecte-t-elle les prisonnier.es ?
Dans les pris­ons il existe une “can­tine”. Les prisonnier.es font leur cours­es là bas. Cette can­tine est tou­jours un peu plus chère que les épiciers et super­marchés de l’extérieur. De plus, il y a des quo­tas, on ne peut pas acheter autant qu’on veut. Actuelle­ment, les prix sont extrême­ment élevés. Durant la péri­ode de covid, l’eau de jav­el d’un litre se vendait à 60 LT, alors que le prix à l’extérieur était de 15 LT. Par­fois ils ont refusé d’en ven­dre. Stock­er, créer le besoin et la demande et ven­dre plus cher… Les can­tines sont trans­for­mées en marché noir.
Égale­ment, pen­dant votre incar­céra­tion, vous recevez la fac­ture d’élec­tric­ité. La fac­ture arrive à la prison et elle est partagée entre les prisonnier.es. Comme l’électricité a énor­mé­ment aug­men­té, avant une fac­ture d’élec­tric­ité par per­son­ne fai­sait à peu près 15 LT, actuelle­ment c’est 45, 50 LT. Et notez ceci aus­si : lorsque vous êtes libéré.e, on vous demande de pay­er les repas con­som­més. Et ils envoient cette fac­ture par la voie offi­cielle, par huissier. Comme c’est un sys­tème de com­mune, tout est partagé, les frais sont divisés entre les prisonnier.es. Avant, un.e prisonnier.e util­i­sait men­su­elle­ment 50, 75 LT, aujour­d’hui c’est 200, 250 LT… (ndlr : depuis le moment de l’in­ter­view, les prix ont encore augmenté).
Com­ment font les pris­on­niers qui n’ont pas de sou­tien financier ?
Par­mi les prisonnier.es poli­tiques, les cama­rades divisent les frais sans les pren­dre en compte. Celles et ceux dont les familles ont des moyens deman­dent de vers­er de l’ar­gent sur le compte de leurs cama­rades. En fait, ne pas avoir d’ar­gent en prison, c’est un prob­lème, car l’ad­min­is­tra­tion peut vous men­ac­er facile­ment, par exem­ple, d’un trans­fert for­cé.
En fait c’est un sys­tème d’en­traide. C’est un peu pareil chez les détenu.es de droit com­mun. Il n’y a aucune aide de l’État.
Les femmes ont besoin de servi­ettes hygiénique. Dans une épicerie, un paquet se servi­ette coute 20, 30 LT, or en can­ti­nant c’est plus de 80 LT. Cer­taines femmes passent leur péri­ode de règles avec beau­coup de saigne­ments et douleurs. Elles sont sou­vent oblig­ées d’u­tilis­er des couch­es pour bébés. L’ad­min­is­tra­tion leur retire les couch­es, en dis­ant “il n’y a pas de bébé dans votre quarti­er”. C’est un prob­lème de santé…
Zehra Doğan, Prison n°5. Edi­tions Del­court, p 28–29
L’É­tat ne les leur donne pas ?
Non, ni servi­ette, ni tam­pon, ni autres pro­duit. C’est ven­du très très cher. Et cela pousse les femmes à des méth­odes anci­ennes, comme utilis­er les tis­sus des vieux vête­ments, de les laver etc… Psy­chologique­ment ce n’est pas facile non plus. Déjà pen­dant la men­stru­a­tion on est plus sen­si­ble et vul­nérable, et ce genre de prob­lèmes vien­nent se rajouter.
Com­ment sont les repas ?
Immange­ables. Par exem­ple à la prison de femmes de type D de Diyarbakır, une prison de haute sécu­rité, on a retrou­vé dans la nour­ri­t­ure, des ongles, des cheveux, mais pas quelques cheveux, car­ré­ment des boules… des bouts de gants en plas­tique… Beau­coup de per­son­nes ont du mal à manger, parce que cela donne la nausée… Les détenu.es essaient de faire des cours­es com­munes et pré­par­er des repas ensem­ble, mais cela aus­si, par­fois c’est autorisé, par­fois non.
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La crise économique touche aus­si les familles à l’extérieur… Si la per­son­ne empris­on­née était dans la vie active, la famille est privée de son salaire. Non seule­ment le revenu baisse, mais les frais de la prison se rajoutent. En dehors des verse­ments heb­do­madaires ou men­su­els pour les prisonnier.es, il y a aus­si les frais générés pour les visites.
La plu­part des prisonnier.es ne sont pas incarcéré.es dans la ville où se trou­vent leur famille. Une per­son­ne dont la famille est à Diyarbakır, est en prison à Rize, dans la région de la Mer Noire, ou à Istan­bul, à Edirne (ndlr : à l’autre bout du pays.) Ces per­son­nes doivent se voir. Mais cela ne peut se faire que peut être une fois par an… Parce que la dis­tance est trop grande, les frais trop lourds, les dif­fi­cultés cli­ma­tiques par­fois… Pour cer­taines pris­ons, vous devez pren­dre l’avion, puis le car, par­fois plusieurs cars. Par­fois leur état de san­té les empêche de faire une route si longue.
Les pris­ons turques sont par­fois des lieux de pro­duc­tion. Les pris­on­niers poli­tiques peu­vent-ils travailler ?
Celles et ceux qui sont condamné.es selon la loi TMK (ndlr : la loi anti-ter­ror­isme), ne sont pas incarcéré.es pas dans des pris­ons “ouvertes”, organ­isées de façon à per­me­t­tre un tra­vail. Si vous êtes jugé selon cette loi, c’est à dire que vous êtes crim­i­nal­isé par l’É­tat, vous ne pou­vez pas béné­fici­er de cer­taines choses en prison. Par exem­ple il y a la pos­si­bil­ité de com­mu­ni­quer avec les familles en vidéo­con­férence, durant 30 min­utes par semaine. Iels n’ont pas l’oblig­a­tion d’u­tilis­er ce droit en une fois, mais en béné­fici­er par petits bout aus­si. Mais, qui n’a pas droit d’u­tilis­er ce moyen de com­mu­ni­ca­tion ? Les prisonnier.es poli­tiques, qu’iels vien­nent de la lutte kurde, ou des groupes de la gauche mar­ginale ou encore des groupes religieux, comme FETÖ. Ils ne peu­vent avoir le statut de tra­vailleur, mais de toutes façons, iels ne le veu­lent pas, c’est un refus.
Nous soulignons sans cesse la volon­té d’isole­ment des prisonnier.es poli­tiques. Nous l’ac­cen­tuons en nous con­cen­trant sur Öcalan, mais en Turquie l’isole­ment est dans chaque prison, dans chaque cel­lule. Avant le covid, iels pou­vaient se rassem­bler dans les espaces com­muns. Après l’épidémie cette pos­si­bil­ité a dis­paru. Iels ne peu­vent pas sor­tir pour des activ­ités sportives. En fait c’est un con­cept de “cel­lule”, vous êtes enfer­mé dans une cel­lule, avec vos cama­rades, depuis des années… Depuis la prom­e­nade, petite, entourée de murs, vous voyez juste un car­ré de ciel. La com­mu­ni­ca­tion entre les prisonnier.es de dif­férentes quartiers est physique­ment impos­si­ble, seules les let­tres sont autorisées.
Avec la crise économique, la cor­re­spon­dance est égale­ment dev­enue très dif­fi­cile, une let­tre néces­site 5 LT de tim­bre, y com­pris entre les quartiers. C’est absurde… Entre les quartiers d’une même prison, il faut pass­er par la poste.
Et les com­mu­ni­ca­tions téléphoniques ?
C’est 200 LT par semaine.
C’est un commerce…
Oui, c’est un com­merce. L’É­tat fait des prof­its sur le dos des prisonier.es.
Années 80. Zehra Doğan, Prison n°5, Edi­tions Del­court, p 64–65
Vous avez con­nais­sance de cas de torture ?
C’est arrivé juste au début de la pandémie de Covid. Dans la prison de type T n°3 de Diyarbakır, Nous avons reçu une requête con­cer­nant des tor­tures com­mis­es par trois gar­di­ens nom­més Cihan, Uğur et Üzeyir… La requête venait de la prison. Il s’agis­sait de fala­ka (ndlr : fla­gel­la­tion des pieds). Les plantes de ses pieds étaient bleuies, ses yeux ensanglan­tés, et lorsqu’il est venu me voir, du sang ruis­se­lait de ses oreilles. Nous avons ouvert des procé­dures. Amnesty inter­na­tion­al a pub­lié un appel d’ac­tion d’ur­gence à la Turquie. Il y a eu un non-lieu, tous les auteurs ce ces agisse­ments, tous les gar­di­ens sont restés impu­nis. Seules nos requêtes sont en cours, actuelle­ment au tri­bunal constitutionnel.
Comme pour Mehmet Sıd­dık, les gar­di­ens Cihan et Uğur ont tor­turé 8 pris­on­niers, dans un endroit sans caméras surnom­mé l’ ”aquar­i­um”. Coquards aux yeux, la plu­part ne pou­vait plus marcher… Ils avaient écrasé la jambe d’un des pris­on­niers ayant une pla­tine dans la jambe. Nous avons fait là aus­si des requêtes.
Dans la plu­part des étab­lisse­ments il y a la pra­tique de tor­tures. Avant il y avait de la tor­ture psy­chologique. Main­tenant c’est à un autre niveau, ça s’est trans­for­mé en tor­tures physiques. Lorsque vous allez à la prison de type T n°3 de Diyarbakır, vous enten­dez des pris­on­niers dire : “La nuit nous enten­dons des cris”. Parce qu’il y a des tor­tures en con­tinu… Le directeur est le même depuis deux ans. Nous l’avons sig­nalé, nous avons sig­nalé les gar­di­ens, nous n’avons rien obtenu, idem pour le pro­cureur de la prison, aucun résultat.
On dit que lors des gardes-à-vue, les policiers exposent les pris­on­niers à de la musique à très fort volume…
Nous enten­dons égale­ment ce type de plaintes. Je ne l’ai pas enten­du directe­ment de mes clients, ou des clients de mes cama­rades. Mais lors des gardes-à-vue, les per­son­nes subis­sent des vio­lences très lourdes.
Un de mes clients a été men­acé de vio­lences sex­uelles. Je voudrais en par­ler car cela doit être révélé. Un polici­er prend la tête de mon client entre ses jambes, com­ment dire, il est bais­sé sur les genoux… Il le men­ace tout en enl­e­vant son pan­talon. Il n’y a pas eu d’a­gres­sion sex­uelle, mais il y en a la men­ace. Il a été très per­tur­bé psy­chologique­ment. Lorsqu’on s’est ren­con­tré la pre­mière fois, il ne pou­vait même pas par­ler… Ce sont des choses qui arrivent très très sou­vent. Une de mes clientes, une com­bat­tante de guéril­la… Elle avait sur elle des mar­ques de bottes. Ils l’avaient désha­bil­lée, couchée su sol, et ils lui avaient marché dessus…
Les ser­vices de sécu­rité c’est pareil. Un agent, pour men­ac­er un de mes clients, a enlevé sa nièce, le bébé de trois ans de sa grande sœur. “Tu dois par­ler, tu dois nous informer, sinon elle mourra.…”
En Turquie, les zones de GAV et les pris­ons sont des lieux de tor­tures. Il n’y a aucun règle ni loi… Je voudrais dire qu’ils agis­sent comme des ani­maux, mais ce serait d’être injuste avec les ani­maux… Parce que je le sais, même les ani­maux ont leur pro­pres règles.
Pour nous, et par­ti­c­ulière­ment dans la presse inter­na­tionale, ce qui est le plus impor­tant c’est l’isole­ment d’Im­rali. C’est notre sujet le plus sen­si­ble. Vous le savez, il n’est pas pos­si­ble d’obtenir de vis­ites. Seules les avo­cats ont pu accéder aux vis­ites et c’é­tait excep­tion­nelle­ment une fois, après les grèves de la faim. Cet isole­ment est très impor­tant. Si il est levé, cela chang­erait beau­coup de choses dans d’autres pris­ons aussi.
Et comme j’en par­lais un peu plus haut, les libéra­tions “brûlées”… C’est une façon de punir… Vous savez, nous avons une cliente qu’on ne libère pas parce qu’elle a trop bien net­toyé le quarti­er. Pour avoir fait le ménage, elle n’est pas con­sid­érée comme “ayant eu un bon com­porte­ment”… Les pris­on­niers malades représen­tent un autre prob­lème. Les pris­ons se trans­for­ment en cimetières.
Par­lons des prisonnier.es malades justement…
Actuelle­ment en Turquie, il existe autour de 650 prisonnier.es grave­ment malade. Lorsque je dis “grave”, je par­le des malades de can­cer, tuber­cu­lose, celles et ceux qui ne peu­vent sub­venir seul.es à leur besoins. En vous don­nant ce chiffre je ne compte pas cer­taines mal­adies. Par exem­ple le reflux. C’est égale­ment une mal­adie, non? Elle néces­site des traite­ments, un régime ali­men­taire spé­ci­fique. Si on regarde plus large­ment, 1700, 1800 per­son­nes qui doivent suiv­re des traite­ments en milieu hos­pi­tal­ier, qui sont sous régime spé­cial etc… Mal­gré tout cela, con­cer­nant les pris­on­niers malades, nous avocat.es, nous n’ar­rivons à faire fonc­tion­ner aucune des pos­si­bil­ités qu’of­fre la loi.
Mère Sise et Der­sim empris­on­née avec sa mère… Zehra Doğan, Prison n°5, Edi­tions Del­court, p 103
Vous avez peut être enten­du que deux pris­on­niers grave­ment malades sont décédés récem­ment. Un mon­sieur de 75 ans, empris­on­né suite à une accu­sa­tion d’ap­par­te­nance à l’or­gan­i­sa­tion fetö. En réal­ité la loi envoie la déci­sion de main­tien des pris­on­niers qui ont plus de 75 ans en incar­céra­tion, au Con­seil de Médecine légale (ATK). Si la per­son­ne ne peut pas men­er sa vie seule en prison, elle est libérée. Mais voilà, par exem­ple, Mehmet Emin Özkan a 87 ans, vous avez peut être vu les pho­tos et vidéos, il ne peut marcher que si deux per­son­nes lui pren­nent par les bras, et il est encore en prison, car l’ATK rend encore des déci­sions en dis­ant qu’il “peut rester en prison”. C’est totale­ment illégal.
Aysel Tuğluk est un des dossiers les plus impor­tants. Elle souf­fre de démence pré­coce. Et, dans son cas il y a deux choses. La mise en lumière du fait que les trau­ma­tismes dues aux tor­tures, et agres­sions subies, ressor­tent avec le temps, et son main­tien en prison devient une tor­ture con­tin­ue. Par ailleurs, plus elle reste en prison, plus sa mal­adie s’ag­grave. Le fait qu’elle ne soit pas libérée alors qu’elle est malade, est une vio­la­tion de droit à la san­té, de droit à la vie (ndlr : elle a finale­ment été libérée en octo­bre 2022, alors que son état de san­té s’é­tait dégradé).
L’ATK est un réel prob­lème en Turquie. C’est une insti­tu­tion éta­tique. Et actuelle­ment la struc­ture du gou­verne­ment en Turquie est comme une toile d’araignée. La toile d’araignée ne s’é­tend-elle pas, n’at­teint-elle pas tout, ne colle-t-elle pas partout ? C’est comme ça. Et il y a la peur.
Dans la Turquie d’hi­er, où les coups d’E­tat se suiv­aient, les années 1960, 1980, c’é­tait encore dif­férent. Par exem­ple, nous sommes deux per­son­nes ayant des opin­ions dif­férentes, nous nous opposons, nous nous disions à l’époque, “au pire je mour­rai et ce sera ter­miné”. C’est à dire que nous pre­nions le risque de mourir. Main­tenant si vous êtes inquiété, pour­suivi, empris­on­né, cela ne se ter­mine pas là. Vos proches, votre cousin, cousin ger­main, même les proches les plus loin­tains sont touchés. Nous par­lons de pres­sion sociale, de pres­sion de quarti­er… Ils vous for­cent à ne pas vous organ­is­er, ne pas réa­gir, ne pas penser, et ils font tout leur pos­si­ble pour vous trans­former en une per­son­ne “mod­èle” selon leur critère. Dans les pris­ons égale­ment, devant les tri­bunaux, c’est le même proces­sus… Voilà le tableau de la Turquie actuelle.
Le repas. Zehra Doğan, Prison n°5, Edi­tions Del­court, p 33
Loin de toute jus­tice donc ?
Nous avons une asso­ci­a­tion de femmes, “Rosa Kadın Derneği” (ndlr : qui lutte con­tre les vio­lences faites aux femmes). Ayşe Gökkan (ndlr : femme poli­tique kurde d’im­por­tance majeure), ma cliente, en fait par­tie. Elle a pris 30 ans de prison… La déci­sion n’a aucun fonde­ment légal, aucun lien avec le Droit. Nous avons été molesté.es de nom­breuses fois dans les salles d’au­di­ence, y com­pris lors de l’au­di­ence finale. Nous avons été battu.es, avocat.es, bâton­nier… Le juge­ment d’Ayşe Gökhan est illé­gal, le ver­dict est illé­gal… Elle a été accusée deux fois d’ “appar­te­nance au PKK”, on peut dire que c’est une pre­mière dans l’his­toire de la Turquie. Com­ment une per­son­ne peut être dou­ble­ment mem­bre d’une organ­i­sa­tion ? Elle a été con­damnée pour “pro­pa­gande” pour un partage sur les réseaux soci­aux, alors qu’il ne s’agis­sait pas d’un partage qu’elle a fait elle-même. Vous imag­inez ? Vous partagez mes pro­pos pub­liés dans un média, je partage cette pub­li­ca­tion, et je suis con­damnée pour cela.
En 2014, 2015, avant qu’un mur ne soit con­stru­it sur la fron­tière avec la Syrie, il y a eu des protes­ta­tions. A cette époque Ayşe Gökhan était la maire de Nusay­bin, dans le dis­trict de Mardin (ndlr : à la fron­tière tur­co-syri­enne). Elle avait par­ticipé à ces actions. Elle a été jugée et acquit­tée. Plus de 50 per­son­nes ont été jugées dans ce dossier, et toutes acquit­tées. Le seul ver­dict que la cour d’ap­pel a annulé, c’est celui de Ayşe Gökkan. Elle a été con­damnée à près de 5 ans de prison. Cette procé­dure de juge­ment est illé­gale. De la col­lecte des preuve, à la façon de traiter le dossier, en pas­sant par les dis­cus­sions, tout est illé­gal. En fait, nous n’avons même pas pu argu­menter, je peux dire cela. Il y a aus­si, ce que nous, les avocat.es avons vécu dans les salles d’au­di­ence. Par exem­ple, il n’y a pas eu de défense. Parce que nous avons récusé les juges. En fait en Turquie il y a cette pos­si­bil­ité, lorsqu’on observe un par­ti pris, des liens famil­i­aux, ou con­flit d’intérêt, qui pose un soupçon sur l’indépen­dance des juges. Nous avons ce droit. Mais lorsqu’on applique cette pos­si­bil­ité, et ça me paraît tou­jours très comique, nous exp­ri­mons notre demande en face des juges : “Nous vous refu­sons”
Vous pensez que l’É­tat con­damne les femmes à des peines plus lourdes ?
Notre sujet, ce ne sont pas les con­damna­tions que ces femmes pren­nent. Ce dont on doit par­ler, c’est pourquoi ces femmes qui sont organ­isées, qui mènent une lutte de femmes, sont en prison ? Pourquoi ont-elles été jugées ? De fait on doit par­ler du statut con­sti­tu­tion­nel des femmes. (En tant que femme) vous menez un com­bat poli­tique, oui les hommes sont con­damnés aus­si, bien sûr, mais moi (femme) alors que je mène une lutte dans le même domaine que vous (homme), je suis con­damnée à des peines bien plus importantes.
Nous pen­sons qu’il y a là un point à analyser. Le gou­verne­ment AKP a très peur des femmes. Croyez-moi, les juges aus­si… Autrement dit, cette men­tal­ité patri­ar­cale a très peur des femmes. La lutte des femmes est pré­cieuse, parce qu’elle va au delà de la poli­tique par­ti­sane. C’est à dire que par exem­ple lorsqu’il y a un fémini­cide, nous ne dis­ons pas “regar­dons donc, elle est mem­bre ou sym­pa­thisant de quel par­ti”. Une femme est tuée. La lutte des femmes est au-dessus de la poli­tique. Nous défendons cela, et en cas de vio­lences, juge­ments, nous nous efforçons d’être sol­idaires avec chaque femme.
Ils ont vrai­ment peur des femmes, alors lorsqu’ils con­damnent, ils châ­tient avec plus de haine, de colère. Qu’est-ce que la femme pour ces gens ? C’est une gen­tille fil­lette, elle grandit, elle se marie, elle devient une bonne épouse, une bonne mère. Elle cui­sine bien, elle prend bien soin de ses beaux par­ents, elle baisse la tête devant son mari, La femme «mod­èle» c’est celle-là. Elle n’a pas de capac­ités. Ne pense pas, n’agis pas. Tu dois être soit la fille de ton père, soit la femme d’un homme. Deux voies. Ils ne veu­lent pas d’une troisième voie. Et cette troisième voie étant la lutte, ils oppri­ment. Parce qu’ils sont con­scients de nos victoires.
Par exem­ple avec notre lutte nous avons con­quis le statut de “co-prési­dence”. Ça c’est une vic­toire des femmes. Nous avons beau­coup résisté con­tre le retrait de la con­ven­tion d’Is­tan­bul, et nous con­tin­uons encore. Les femmes élèvent haut la voix. Dans le domaine poli­tique, nous sommes plus nom­breuses, ça aus­si c’est une réus­site des femmes. Nous avons ren­ver­sé leur men­tal­ité machiste.
Le sys­tème de co-prési­dence est-il recon­nu officiellement ?
Non, ce n’est pas offi­ciel. C’est lié à l’acceptation. Sou­venez-vous des procès du HDP, après l’af­fec­ta­tion des admin­is­tra­teurs d’É­tat dans mairies des villes kur­des gag­nées par le HDP. Pour nous, c’est légitime, mais la co-prési­dence n’est pas une con­quête offi­cielle. Mais nous avons tout de même appris quelque chose à l’É­tat. Lorsqu’ils par­lent (ndlr : des élus, des respon­s­ables), ils dis­ent co-président.e, la presse aus­si. Durant les procès ils deman­dent “étiez-vous co-président.e ?”. Ain­si, il y a aus­si bien une accep­ta­tion, qu’une néga­tion d’of­fi­cial­i­sa­tion, et une guerre ouverte con­tre ce système.
Mère Sakine. Zehra Doğan, Prison n°5, Edi­tions Del­court, p 40
Aujour­d’hui, lorsque je par­le avec les agents des forces de sécu­rité, ils m’ap­pel­lent “co-prési­dente de l’ÖHD”. Mais ils le font avec une con­no­ta­tion néga­tive. Ain­si ils acceptent que le titre de co-président.e existe dans la lutte organ­isée, la lutte du PKK, et dans la lutte des groupes d’ex­trême-gauche, et de là, ils alour­dis­sent les peines, et ce, en général pour les femmes.
Même si le sys­tème de co-prési­dence n’est pas offi­ciel, nous fer­ons tout notre pos­si­ble pour ne pas le per­dre. Pour le moment, que ce terme soit util­isé dans les rap­ports, dans la presse, nous suffit.
Juste­ment, vous êtes co-prési­dente de l’As­so­ci­a­tion des juristes pour la lib­erté (ÖHD). En quoi con­siste votre travail ?
Nous nous appe­lions avant Özgür­lükçü Hukukçu­lar Derneği. Notre asso­ci­a­tion a été fer­mée en 2015, avec un décret à valeur de loi (KHK). Après 2015 en Turquie, vous le savez, le pou­voir a exer­cé une répres­sion intense envers l’op­po­si­tion. Par­al­lèle­ment aux arresta­tions, aux con­damna­tions, plus de 1400 asso­ci­a­tions et organ­i­sa­tions furent fer­mées. Et elles furent fer­mées, toutes, en étant criminalisées.
La com­mis­sion de l’É­tat d’ex­cep­tion (OHAL) existe tou­jours. Ils peu­vent autoris­er ou non notre réou­ver­ture. Mais aucune procé­dure n’a été ouverte en ce qui nous con­cerne, rien ne se passe. De 2015 à 2018 nous avons mené nos activ­ités sous la forme de plate­forme. Puis en novem­bre 2018 nous avons créé l’As­so­ci­a­tion des juristes pour la lib­erté (ndlr : les deux struc­tures ont les mêmes ini­tiales, ÖHD). Actuelle­ment nous avons 11 antennes, dont 6 dans les régions turques (Istan­bul, Ankara, Izmir, Mersin, Adana, Bat­man, Diyarbakır, Van, Urfa, Hakkari, Bur­sa), et nous avons 8 ou 9 représen­ta­tions (Mardin, Şır­nak, et d’autres petites villes). En Turquie nous sommes plus de 1000. Pour un groupe qui agit spé­ci­fique­ment dans le domaine du Droit, c’est un nom­bre important.
Nous tra­vail­lons sur les vio­la­tions des droits en pris­ons. Nous agis­sons sur requête, mais tous les mois nos com­mis­sions vis­i­tent des pris­ons et étab­lis­sent des rap­ports. Si la vio­la­tion de droits con­statée n’est pas rec­ti­fiée, nous parta­geons l’in­for­ma­tion avec le bureau du pro­cureur, et nous enta­mons des procédures.
Nous tra­vail­lons aus­si sur la langue. La langue kurde par exemple.
Alors que vous fran­chissez la porte de la geôle, vous vous retournez et vous croisez le regard de ceux qui sont restés sur place. En un instant, vous vous sen­tez blessé, comme un oiseau dont l’aile est prise dans un fil bar­belé. Pas totale­ment, libre, mais tou­jours pris­on­nier.
Finale­ment, qu’est-ce que la lib­erté au juste ?“
Zehra Doğan, 2021, Expo­si­tion indi­vidu­elle Prison n°5
Pour la défense en kurde ?
Oui. En langue mater­nelle. Par exem­ple à Diyarbakır il y avait des enfants qui suiv­aient un enseigne­ment en langue mater­nelle. Ces enfants, arrivés au niveau col­lège, avec le change­ment de poli­tique de l’É­tat, n’ont pas pu con­tin­uer. Nous avons des procé­dures admin­is­tra­tives en cours, con­cer­nant leur avenir.
Nous tra­vail­lons sur le Kurde, mais nous avons d’autres cama­rades qui tra­vail­lent pour d’autres langues, c’est pour cela que nous par­lons de l’en­seigne­ment en langue mater­nelle. A tra­vers nos com­mis­sions lin­guis­tiques, nous sommes auprès de toutes les luttes con­cer­nant les langues maternelles.
Apres le proces­sus de paix 1, dans les tri­bunaux, il était pos­si­ble de faire sa défense en langue maternelle…
Oui. Actuelle­ment nous con­tin­uons. Beau­coup de tri­bunaux n’ac­ceptent pas mais nous faisons des défens­es en langue mater­nelle. La loi dit ceci : la per­son­ne peut utilis­er sa langue mater­nelle seule­ment en faisant sa dépo­si­tion (devant le juge au tri­bunal) et au stade de la déci­sion. C’est à dire, les pre­mière et dernière audi­ences. La langue mater­nelle n’est pas accep­tée lors des autres audi­ences. Mais nous n’ac­cep­tons pas cela. Nous nous ren­dons aux audi­ences avec nos tra­duc­teurs. C’est une pra­tique très assise à Diyarbakır. Les juges acceptent la langue mater­nelle, avec des tra­duc­teurs asser­men­tés. Mais les tra­duc­teurs ne sont pas rémunérés par l’É­tat, c’est nous qui les payons. En fait ce sont des tra­duc­teurs de l’É­tat mais c’est nous qui payons ces frais.
Com­ment cela s’est passé pour Ayşe Gökkan ?
Au début ils ont refusé. Mais nous avons insisté, et du fait qu’elle refuse de par­ler un seul mot en turc, ils ont été oblig­és d’accepter.
Puis-je vous racon­ter une anec­dote comique à pro­pos du procès d’Ayşe Gökkan ? Vous con­nais­sez le signe de vic­toire (avec les doigts) ? C’est un signe mon­di­ale­ment con­nu… En Turquie on l’ap­pelle signe de la vic­toire, signe de la paix. Ayşe Gökkan, lors de son audi­ence, a fait ce geste vers le pub­lic. Com­ment cela a été inscrit dans le reg­istre du procès : “Lorsque l”accusée Ayşe Gökkan, est entrée dans la salle, elle a fait au pub­lic présent, un signe qui réu­nis­sait son index et son majeur côte à côte.” Oui c’est incom­préhen­si­ble. En vérité, pour ne pas y écrire “signe de vic­toire” ou “signe de la paix”, ils l’ont décrit ainsi…
On dirait qu’ils ne veu­lent pas utilis­er cer­tains mots…
Oui. Par exem­ple le mot “Kur­dis­tan”. Ce n’est pas inter­dit offi­cielle­ment, mais il est ban­ni. “Isole­ment”… Si tu m’en­fer­mes dans un lieu, et que tu m’empêches de voir des gens, je te dirais, “ben Loez, tu m’as mis en isole­ment là”… Mais ce mot est inter­dit ici. Par exem­ple lors d’une con­férence de presse, dès que la police entend le mot “isole­ment”, elle essaie d’in­ter­venir, d’ar­rêter la conférence.
“Tor­ture”, “mal­trai­tance”… Je ne peux pas pronon­cer la phrase “le bureau du pro­cureur cau­tionne la tor­ture et mal­trai­tance, il ne se posi­tionne pas con­tre”. Nous étions dans la pré­pa­ra­tion d’une action… Nous dis­cu­tions avec la police, sur le par­cours etc. Sais-tu, quel slo­gan ils voulaient inter­dire ? “Gou­verne­ment démis­sion”. Une per­son­ne qui en principe est un fonc­tion­naire pub­lic, peut se per­me­t­tre de vouloir inter­dir un slo­gan qui con­cerne le gouvernement.
S’or­gan­is­er (ndlr : poli­tique­ment) en Turquie est un proces­sus com­pliqué. Les employé.es sont licencié.es, si les étudiant.es s’or­gan­isent, cela se reflète sur leur avenir, sur le méti­er qu’ils-elles fer­ont plus tard. En Turquie, beau­coup de métiers liés à l’E­tat. L’en­seigne­ment par exem­ple… On peut leur dire “vous étiez mem­bre d’une asso­ci­a­tion étu­di­ante” et le regard posé sur la per­son­ne change.
De nom­breux avocat.es sont jugé.es. Vous l’avez enten­du sans doute… A vrai dire, qua­si­ment 70% des avocat.es qui tra­vail­lent dans notre asso­ci­a­tion, sont actuelle­ment en procès. C’est assez énorme… Diyarbakır, c’est un peu dif­férent. Vous y êtes criminalisé.e encore plus. Nos con­férence de presse sont empêchées. Il y a une façon par­ti­c­ulière d’in­ter­dire : vous êtes autorisé.e à faire des con­férence de presse, mais sans pub­lic. Les avocat.es, les familles des prisonnier.es qui font des veilles peu­vent y assis­ter, mais per­son­ne d’autre… Nous leur deman­dons la base légale de cela ; elle est inex­is­tante. C’est un délit d’a­gir ain­si, nous les en avons aver­tis d’in­nom­brables fois. Il n’y a pas, là non plus, de procé­dure légale. En Turquie c’est l’im­punité qui règne.
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