Meurtre barbare de Cognac : qu'est-ce que la réclusion criminelle à … – Sud Ouest

La sanction « est à la hauteur de l’agonie, du calvaire et des souffrances éprouvés par le supplicié », a réagi l’avocat pénaliste Me Lionel Béthune de Moro. Ce mardi 18 octobre 2022, la cour d’assises de Charente a condamné trois tortionnaires et meurtriers à la réclusion perpétuelle à perpétuité.
Cathy Bichon, David Klein et Philippe Laroche, reconnus coupables du meurtre avec actes de torture et de barbarie de Gérald Matifas, un Rochelais de 42 ans, en avril 2019 à Cognac, écopent de la « plus haute peine de l’arsenal judiciaire français ». La formule a été prononcée par leurs avocats. Mais que désigne-t-elle vraiment ?
Au sens strict du terme, la réclusion criminelle à perpétuité – c’est-à-dire l’emprisonnement jusqu’à la mort du condamné – n’existe pas en France.
En 1994, le législateur a toutefois prévu une peine de perpétuité dite « incompressible », comprenez assortie d’une période de sûreté « illimitée » pouvant être ramenée à trente ans selon un processus complexe. Cette perpétuité « incompressible » est réservée aux crimes les plus graves (génocide, terrorisme, meurtre avec barbarie de mineur, etc.). Ce n’est pas le cas dans l’affaire des tortionnaires de Cognac. Ici, la réclusion à la perpétuité prononcée à leur encontre est assortie d’une période de sûreté « automatique » de dix-huit ans, comme le prévoit l’article 132-23 du Code pénal.
Mardi après-midi, au tribunal d’Angoulême, l’émotion était grande après le verdict énoncé. Cathy Bichon est restée prostrée dans le box, les yeux vides. David Klein a pleuré. Philippe Laroche a baissé la tête, cachant son visage entre ses mains. Selon les avocats, cela faisait « quinze ou vingt ans » que la cour d’assises de Charente, statuant en première instance, n’avait pas condamné à la perpétuité.
Nous avons épluché les archives de « Sud Ouest » et consulté le site de « Charente Libre » : le dernier exemple dont nous avons trouvé trace remonte à octobre 2021. La cour d’assises de Charente, statuant en appel, condamnait Bruno Genet à la perpétuité (assortie de vingt-deux ans de sûreté) pour avoir tué sa mère et sa fille de plusieurs coups de fusil en novembre 2015 à Saint-Denis-de-Pile, en Gironde. Les jurés populaires à Angoulême confirmaient la peine prononcée en première instance à Bordeaux en mars 2019.
Autre exemple : le 17 décembre 2004, la cour d’assises de Charente (toujours en appel) condamnait Alain Diaz, 42 ans, à la perpétuité (là encore assortie de vingt-deux ans de sûreté) pour le meurtre avec agression sexuelle du petit Larbi Fanousse à Bordeaux en 2001. Pendant les audiences, Diaz n’avait eu cesse de nier.
Dans notre région, les condamnations à la réclusion criminelle à la perpétuité ne sont pas fréquentes mais pas si rares. Citons celle, en appel, le 12 avril 2013 à Bordeaux, du Périgourdin Yves Bureau, reconnu coupable d’avoir tué puis découpé une Allemande retraitée Édith Muhr. Citons encore celle de François Décline, le 6 juillet 2019, toujours à Bordeaux, pour vol avec arme en récidive et tentative de meurtre en récidive. Citons enfin celle de Christophe Charpin, le 27 novembre 2019, encore à Bordeaux, pour viol en récidive commis sous la menace d’une arme.

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