Ajouter RFI à votre écran d'accueil
© 2023 Copyright RFI – Tous droits réservés. RFI n'est pas responsable des contenus provenant de sites Internet externes. Fréquentation certifiée par l'ACPM/OJD.
Publié le :
Israël a expulsé, ce dimanche 18 décembre au matin, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, qui était détenu sans accusation formelle dans des prisons israéliennes depuis le mois de mars 2022, a annoncé le ministère israélien de l’Intérieur. L’homme a atterri à l’aéroport de Paris-CDG en fin de matinée, « le combat continue » a-t-il affirmé à son arrivée. Pour l’ONG Amnesty International l’expulsion de l’avocat est une grave violation des droits humains. La France condamne et juge « contraire au droit » cette expulsion.
Salah Hamouri « a été expulsé ce matin vers la France à la suite de la décision de la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked de lui retirer son statut de résident », a indiqué le ministère israélien de l’Intérieur dans un communiqué. Agé de 37 ans, Salah Hamouri avait été condamné en mars 2022 à trois mois de détention administrative, une mesure controversée permettant à Israël d’incarcérer des suspects sans accusation formelle.
L’avocat franco-palestinien est arrivé à l’aéroport parisien de Roissy vers 11h20 (heure de Paris), accueilli par sa femme Elsa et plusieurs dizaines de personnes mobilisées en sa faveur, a constaté une journaliste de l’AFP. Plusieurs élus, représentants d’ONG et partisans de la cause palestinienne avaient fait le déplacement pour accueillir l’avocat de 37 ans, détenu depuis mars en Israël. Soupçonné par Israël de liens – ce qu’il nie – avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l’État hébreu et l’Union européenne, Salah Hamouri avait appris fin novembre qu’il allait être expulsé en décembre vers la France.
Sur place, les soutiens de Salah Hamouri avaient déployé une banderole « Bienvenue Salah » et certains brandissaient des drapeaux palestiniens. Une douzaine de policiers étaient déployés sur place. « C’est une journée heureuse pour une famille qui se réunit, mais pour le peuple palestinien, c’est une triste journée », a déclaré à l’AFP le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller, en qualifiant l’expulsion de l’avocat né à Jérusalem-est de « crime d’apartheid ».
« Aujourd’hui, je suis arraché de ma patrie brutalement par cette force occupante, qui continue ce nettoyage ethnique depuis 1948. Je suis convaincu que cette machine de destruction qui s’appelle Israël recule seulement devant un projet de résistance palestinien », a dit Salah Hamouri, après avoir remercié les personnes l’ayant soutenu pendant ses « mois d’emprisonnement ». « Ce n’est pas parce que l’État d’Israël m’a expulsé qu’on ne va pas revenir », a-t-il affirmé devant la presse, très ému et la gorge nouée. « C’est mon droit de vivre à Jérusalem. C’est mon droit de vivre dans ma patrie. C’est le droit de ma famille d’être là-bas. »
Son expulsion avait été d’abord reportée à la suite d’audiences devant la justice militaire, ses avocats remettant en cause son ordre d’expulsion et aussi la révocation de son statut de résident de Jérusalem-Est. Né dans cette partie de la Ville sainte, annexée et occupée par l’État hébreu, Salah Hamouri ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d’un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu’il conteste. Or, début décembre, les autorités israéliennes ont confirmé la révocation de son statut ouvrant ainsi la voie à une expulsion imminente malgré une nouvelle audience prévue le 1er janvier.
Depuis vendredi soir, les indications d’une expulsion dimanche matin s’étaient multipliées, la députée arabe israélienne Aïda Touma-Slimane ayant d’ailleurs écrit samedi soir au ministre de la Défense Benny Gantz pour empêcher l’expulsion, toutefois décrétée par la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked. L’expulsion de M. Hamouri intervient à l’approche d’un changement d’administration en Israël, avec une passation de pouvoir attendue dans les prochains jours entre la coalition hétéroclite du centriste Yaïr Lapid et un gouvernement mené par Benjamin Netanyahu et ses alliés des partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite. « C’est un formidable accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion », a commenté Mme Shaked.
Dans un communiqué publié dans la matinée par le ministère des Affaires étrangères, la France a condamné l’expulsion par Israël de l’avocat Salah Hamouri, la jugeant « contraire au droit ». « Depuis sa dernière arrestation, la France s’est pleinement mobilisée, y compris au plus haut niveau de l’État, pour faire en sorte que les droits de M. Salah Hamouri soient respectés, qu’il bénéficie de toutes les voies de recours et qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il est né, réside et souhaite vivre », rappelle le Quai d’Orsay.
(Avec AFP)
►À lire aussi : L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri en grève de la faim contre sa détention administrative
Ayelet Shaked, la « dame de fer » israélienne
Figure de proue de l’aile droite du gouvernement israélien sortant, Ayelet Shaked, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, a été surnommée la « dame de fer » en raison de son intransigeance dans la répression des actes nationalistes commis par des Palestiniens et des Arabes israéliens, rappelle notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Elle s’est également prononcée de manière très ferme pour l’expulsion des travailleurs immigrés en situation illégale. Et c’est elle qui a mené dès le début le combat contre l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri : « Après avoir révoqué le permis de résidence du terroriste Salah Hamouri, j’ai ordonné son expulsion du pays. Il n’y a aucune raison pour que des terroristes comme Hamouri et ses semblables, dont le seul but est de porter atteinte aux juifs et à Israël, puissent continuer à vivre ici ».
Alliée de Naftali Bennett, l’ancien Premier ministre, Ayelet Shaked a provoqué dans une large mesure la chute de l’actuel gouvernement avec des prises de positions insoutenables, notamment pour le parti Ra’am, le partenaire de la coalition : « J’espère que le nouveau gouvernement continuera ce que je fais et expulsera également des terroristes ». À quelques jours de la nomination du nouveau gouvernement israélien, et après son échec aux élections, l’expulsion de Salah Hamouri est probablement la dernière décision d’Ayelet Shaked en sa qualité de ministre.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI
Israël: une réforme de la justice liée à la situation judiciaire de Benyamin Netanyahu
Des juges européens au Liban pour enquêter sur les agissements du gouverneur de la Banque centrale
Le Hamas publie la vidéo d'un Israélien détenu à Gaza depuis 2014
Israël: à Masafer Yatta, en Cisjordanie, le cycle des expulsions semble sans fin
Le chef de la diplomatie chinoise en Égypte pour renforcer les liens de Pékin avec le monde arabe
UE: «L’inscription des Gardiens de la révolution iraniens comme entité terroriste pourrait aboutir à leur isolement»
Iran: exportations record de pétrole malgré l'embargo américain
Israël: après la manifestation de Tel-Aviv, des voix demandent l'intervention du président Herzog
La capitale du Liban, Beyrouth, parmi les pires villes en termes de qualité de vie
À Tel Aviv, des milliers de manifestants mobilisés contre «Netanyahu et son gang»
Iran: Alireza Akbari, un Irano-Britannique condamné pour espionnage, a été exécuté par pendaison
Fin de la surtaxe sur le plastique à usage unique en Israël: une concession aux ultra orthodoxes
Syrie: des déplacés victimes des frappes turques
Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.