L’avocat pénaliste navigue de la défense d’activistes à celle de personnes accusées de terrorisme. Ardent défenseur des libertés publiques, il n’a de cesse de dénoncer la résurgence des lois « scélérates » dans notre droit moderne, mêlant justice et politique.
Né en 1984, Raphaël Kempf est un avocat pénaliste spécialisé dans les affaires de terrorisme et dans la défense d’activistes. Après plusieurs collaborations dans de grands cabinets, comme celui de Marie Dosé, il s’installe à son compte en 2016. Titulaire d’un master en droits de l’homme et d’une licence d’arabe, il a notamment défendu Yassine Atar, frère du commanditaire présumé des attentats du 13 novembre 2015.
La mèche en bataille, le regard fatigué par des journées sans fin, celui qui n’a de cesse de dénoncer la résurgence des lois « scélérates (1) dans notre droit moderne, nous a reçus à son cabinet parisien pour évoquer le rôle central de la justice dans l’organisation d’une répression teintée de politique, à la veille d’un mouvement social qui s’annonce massif.
Dans le titre de votre dernier ouvrage, vous utilisez l’expression « violences judiciaires ». Comment les identifiez-vous ?
Raphaël Kempf : Une violence qui s’articule autour de deux modalités imposées par le pouvoir judiciaire : les contraintes sur les corps et l’humiliation. Les contraintes sont les mesures de garde à vue, la prison, l’interdiction de manifester, de se rendre à tel endroit, l’obligation de pointer au commissariat, etc. Elles peuvent être ressenties par les personnes qui les subissent comme de la violence. Celle-ci peut apparaître légitime et/ou légale, mais dans certaines situations elle est contestable et contestée.
L’humiliation résulte quant à elle des propos de magistrats, de leur mépris, par exemple quand ils critiquent les choix de gilets jaunes de venir manifester à Paris ou, comme j’ai pu l’entendre lors d’une audience, quand un procureur parle d’antisémitisme alors que les prévenus n’étaient évidemment pas poursuivis pour cela.
L’humiliation se trouve aussi dans le traitement des personnes : quand, dans l’attente d’un procès, on empêche un individu de manifester, on touche à un aspect constitutif de son identité, de sa volonté de s’engager dans l’espace public, la société, la cité.
Cette violence s’exerce principalement avant le jugement ?
La violence de la
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