« Il faut que je sois dans la justice, elle m'a sauvée » : victime de … – Sud Ouest

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Rares sont les victimes qui sortent de leur procès en voulant devenir avocat, procureur ou même juge. Julie Matteï, Landaise de 19 ans, a trouvé sa voie en entendant condamner son violeur. Elle use aujourd’hui les bancs de la fac de droit de Bordeaux. En menant une longue bataille pour faire reconnaître son statut de victime, elle a trouvé le combat de sa vie.
En 2018, vous avez 15 ans et vos parents déposent plainte en votre nom pour viols. Quel est votre état d’esprit ?
Je…
En 2018, vous avez 15 ans et vos parents déposent plainte en votre nom pour viols. Quel est votre état d’esprit ?
Je leur en veux : ce secret que je porte depuis trois ans va déboucher sur un long parcours du combattant judiciaire, une descente aux enfers. Mais, ma famille est là. Elle me soutient, m’accompagne. Moi, je me sens coupable. Pas légitime. J’ai peur aussi. J’ai besoin de découvrir cet univers de la justice que je ne connais pas.
Comment faites-vous ?
Au début de l’instruction, j’ai fait une lettre au principal du collège pour aller au tribunal un après-midi par mois et voir, par moi-même, comment se déroule un procès, comment justice est rendue, quels sont les rôles de chacun.
C’est un choc ?
Oui et non. J’ai tout de suite été fascinée par les robes noires, la force et la grandeur qui émanent du lieu. Un jour, il est question d’abus et d’agressions sexuels. Trop d’échos à mon histoire. J’ai tout arrêté. Il fallait que je grandisse, que je prenne le temps de faire mes armes pour affronter mon propre procès.
Il s’ouvre en février 2020, devant la cour d’assises des mineurs…
Oui même si, à quinze jours près, il aurait été majeur au moment des faits. C’est le fils d’un couple d’amis de mes parents. Je n’avais que 11 ans. Je savais qu’il me faisait quelque chose d’horrible mais j’étais incapable de dire en quoi c’était mal. À cet âge, la sexualité était loin de mon univers d’enfant. Je suis restée pétrifiée, comme si mon esprit était sorti de mon corps pendant qu’il me faisait ces choses. Puis, il y a eu la honte, le dégoût de mon corps et l’irrépressible besoin de me mettre en danger pour me sentir vivante. Le reste du temps, j’étais en pilote automatique sans sentiment, sans envie, sans vie.
Votre violeur est condamné à cinq ans de prison avec sursis…
Avec inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) et 15 000 euros de dommages et intérêts. Ce n’était pas tant l’envoyer en prison qui m’importait qu’avoir la certitude qu’il ne recommence jamais. Au début du procès, je me sentais encore coupable de quelque chose. Je n’étais même pas sous le banc à me cacher, j’étais devenu le banc : un truc inerte, mort. En quatre jours, j’ai perdu 7 kg. Maintenant que je connais mieux les rouages de l’institution, je me dis qu’il s’en est bien sorti.
Après le procès, vous revenez au palais de justice. Pour quelle raison ?
Après mon bac, je décide de prendre une année de réflexion pour fermer ce chapitre de ma vie, ranger le bouquin qui est bien soudé dans la bibliothèque de mon existence. Il reste là, à portée de main. J’ai repensé à mon avocate, Me Virginie Deyts, soutien indéfectible. À l’aide précieuse de l’Association d’aide aux victimes et de médiation. À la prise de parole de l’avocate générale, qui a requis 5 ans de prison dont un ferme. À l’avocate de la défense qui a dit des trucs horribles sur moi, sur mon consentement. Aux juges et jurés qui m’ont reconnue comme victime. Là, j’ai su que je voulais participer à l’œuvre de justice.
Pourquoi suivre des audiences ?
Je vais aux audiences pénales, aux assises mais aussi aux affaires d’infractions routières ou celles très techniques des prud’hommes, du commerce et même les audiences sur intérêts civils. Dès qu’on rend la justice, je veux voir comment ça se passe, les argumentaires des avocats. Ce que décident les juges.
Vous voulez devenir avocate ?
Avocate ou magistrate… Mon rêve : présidente de cours d’assises. Je sais juste que je ne pourrai jamais défendre une personne accusée de viol ou d’agression sexuelle. J’ai encore du chemin à faire.
Vous ne pensez pas avoir un désir de revanche quelque part ?
Mon histoire fait partie de moi. Je m’en suis soignée. Mes études vont me donner le cadre à respecter pour faire ces métiers. Tout est très codifié. On ne fait pas n’importe quoi. L’idée n’est pas de refaire mon procès bis mais bien de permettre à tous d’obtenir la justice qu’ils méritent.
Vous n’avez pas envie, justement, de faire autre chose, loin de tout cela ?
Je ferai un métier qui gravite dans ce milieu, c’est certain. Il faut que je sois dans la justice, c’est ce qui m’a sauvée. Il y a beaucoup d’autres victimes qui doivent croire en la justice, passer ce cap pour continuer à vivre.

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