Le prévenu appuie ses dénégations d’une voix sonore. Ce n’est pas lui. Il n’a rien fait. Ou pas exactement comme ça. Devant le tribunal de Bayonne, ce jeudi 19 janvier, il est aussi exalté que confus. « On ne voit pas trop où vous voulez en venir, lui lance la présidente. Comprenez-vous que cette attitude puisse effrayer ? » Cet habitant d’Hendaye de…
Le prévenu appuie ses dénégations d’une voix sonore. Ce n’est pas lui. Il n’a rien fait. Ou pas exactement comme ça. Devant le tribunal de Bayonne, ce jeudi 19 janvier, il est aussi exalté que confus. « On ne voit pas trop où vous voulez en venir, lui lance la présidente. Comprenez-vous que cette attitude puisse effrayer ? » Cet habitant d’Hendaye de 39 ans, masque sur le menton, écarte ses grandes mains. Il comparaît pour une dizaine d’infractions, commises de novembre à décembre.
« Ça fait deux mois qu’on vit un enfer », explique son voisin. Ses cinq enfants ne dorment plus. Sa femme et lui non plus. « Tout ce qui compte, c’est protéger ma famille. Quand il m’a insulté, avant de pénétrer sur ma terrasse pour me menacer de m’envoyer au ciel et me mettre le poing sous le menton, je jouais au foot avec mon fils. On a évacué la maison. Il est inenvisageable d’y retourner. »
Le lendemain, le père de famille découvre une pierre tombale et une flèche désignant sa maison taguées sur le mur de celle de son voisin. L’explication se résumera à un crachat. Le motif de cette colère reste flou. De vieilles rancœurs et des graines de palmier tombées du mauvais côté de la barrière.
Le prévenu refuse de répondre. Puis ne s’arrête plus. « Peut-on annuler ces faits et organiser une confrontation ? » Il réitère sa demande. Encore. « On m’accable de choses qui ne sont pas vraies. C’est des mensonges. Je n’ai même pas été entendu en audition par les policiers. » Il les a refusées. « Oui, puisque ce sont des mensonges. » Il assure n’avoir « aucune haine. » « Ce sont des mots, il n’y a jamais de violence. »
« Et le skateboard ? », interroge la présidente. La veille de l’altercation avec le voisin, l’homme a frappé une connaissance à coups de planche à roulettes et l’a aspergé de gaz lacrymogène pour un différend autour de son chien. Il lui a laissé le visage en sang. « Je lui ai mis un coup dans les jambes, la bombe, une manchette, mais il n’a pas saigné », précise-t-il. Dans les jours suivants, il insulte copieusement l’employée d’un chenil, puis tague « no park » sur la voiture d’une voisine.
Point d’orgue le 4 décembre. L’attention de deux policiers est attirée par le pare-brise tagué du prévenu. Il circule sans permis. Pour échapper au contrôle, le conducteur enclenche la marche arrière et percute à deux reprises la voiture de police, avant de fuir à pied. Il est interpellé dans les jours suivants. Pour l’ensemble, le parquet requiert dix-huit mois de prison dont neuf avec sursis.
« Vous pouvez douter de ses versions, mais il a le droit de ne pas s’auto-incriminer », rappelle Me Bernard-Franck Macera. L’avocat de la défense évoque la solitude de ce récidiviste depuis le décès de sa mère. Cet événement a tout déclenché. « Depuis 2018, il menait une vie de réinsertion, avec un logement, une formation, un travail. Puis le décès se produit », poursuit l’avocat. L’homme a été expertisé par un psychiatre. S’il diagnostique une personnalité pathologique, conséquence d’une ancienne toxicomanie, il l’estime responsable.
Le tribunal l’a condamné à dix-huit mois de prison dont six avec sursis. « Je tiens à vous dire que je fais appel. C’est net. »