Double parricide de La Bastide-Clairence : Kévin Rouxel craque de nouveau lors de son procès – Sud Ouest

Alors que l’avocat général venait d’achever son réquisitoire et que Grégoire Mouly, un des deux avocats de la défense de Sofiya Bodnarchuk commençait à plaider, Kévin Rouxel a craqué. Il s’est soudain mis à hurler « Omar Raddad, Omar Raddad, Omar Raddad », en référence à l’ancien jardinier condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal, alors qu’il clamait son innocence. Il a rapidement été évacué par le service de sécurité. Sofiya Bodnarchuk a, elle aussi, été sortie du box des accusés et l’audience a été suspendue.
Dans le cadre de ce procès d’appel devant les assises, au palais de justice de Mont-de-Marsan, Marc Bourragué, venait de requérir la reconduction des peines de 30 ans pour Kévin…
Dans le cadre de ce procès d’appel devant les assises, au palais de justice de Mont-de-Marsan, Marc Bourragué, venait de requérir la reconduction des peines de 30 ans pour Kévin Rouxel et 20 ans pour Sofiya Bodnarchuk, prononcées en première instance. Tous deux sont poursuivis pour l’assassinat, en février 2016, des parents de Kévin Rouxel.
Dans son réquisitoire, il a rappelé tous les détails connus sur le moment où s’est déroulé le drame, le 20 février 2016, entre 11 h 22 et 11 h 38, qui a débouché sur la mort de Pascal Rouxel, 54 ans et son épouse Ewa, 55 ans. Un drame survenu dans leur propriété, la Ferme de Binier, à La Bastide-Clairence.
On comprend rapidement, dans son évocation des faits, qu’il n’y a pas de place dans le débat, sur la préméditation, ni sur l’implication des deux accusés dans la préparation de ce double assassinat parricide.
Il a aussi rappelé les versions successives données par Kévin Rouxel dans les premiers jours, alors qu’il impliquait son frère aîné, Yann, dont l’expertise psychiatre réalisée dans le cadre des investigations, a révélé « une altération sévère de l’interaction sociale. » et qu’il souffre du syndrome autistique d’Asperger.
« Pourquoi Kévin Rouxel et éventuellement Sofiya Bodnarchuk ont voulu assassiner Pascal et Ewa Rouxel ? », interroge l’avocat général, pour qui « dans les témoignages, on peut dégager une ligne de force ».
Il cite particulièrement des personnes, proches, qui ont observé un changement au sein du couple Pascal-Ewa, où la peur est peu à peu apparue, quelques années après le mariage de Kévin avec Sofiya Bodnarchuk, jeune Kazakh de 18 ans, rencontrée sur Internet en décembre 2011 et épousée ce même mois, dès son arrivée en France.
Le magistrat évoque « une famille très centrée, très fermée », où la mère de famille, d’origine polonaise, paraît dominante et possessive. Mails il constitue à ses yeux « un couple uni, mais un peu fermé, où les enfants n’ont pas d’ouverture », notamment en raison des difficultés de l’aîné, encore non identifiées.
Pour Marc Bourragué, « la relation du couple avec les jeunes mariés s’est dégradée ». Il cite une psychologue, pourtant par ailleurs très critiquées par certains avocats de la partie civile, mais qui pour le magistrat a identifié les failles de Kévin Rouxel et évoque une maturation des faits survenus plus tard. « Pour lui, la psychologue a vu juste, mais cela ne suffit pas à tout expliquer. Froid, secret, feignant, en échec professionnel, peu affectueux envers son enfant. On dira que Sofiya l’a épousé pour son argent », ajoute encore Marc Bourragué. Il rappelle, un peu plus loin, que Kévin Rouxel a dit au sujet de sa femme : « C’est notre chemin qui nous a amenés à tuer. On y a pensé au même moment. » Ce qui fait dire à l’avocat général : « Pour moi, il y a une double dépendance de Kévin Rouxel, envers ses parents et envers Sofiya. S’ils sont bien ensembles, ils font les choses ensemble. »
De Sofiya Bodnarchuk, il retient « qu’on n’a jamais obtenu de réponse claire ». Il admet qu’il puisse y avoir un traumatisme lié aux faits, mais que « cela n’empêche pas par la suite de répondre aux questions. »
« Elle ment sur le cambriolage, elle ment sur le revolver, etc. », poursuit Marc Bourragué, attaché à convaincre les jurés de sa culpabilité et qui souligne que des experts psychologues ont déterminé qu’elle « construit une ligne de défense. Elle ne présente pas de psychologie, mais quand la question l’embête, elle rejette la question. Et le docteur Bertrand, dans son expertise psychiatrique, a relevé des traits borderline ».
« Mon sentiment est que la rencontre du mode de fonctionnement de Rouxel et Bodnarchuk ont provoqué l’acte criminel, ajoutait Marc Bourragué. Sa manipulation à elle sera financière. Sa manipulation a lui est d’échapper à une situation familiale dont il veut se libérer ».
« Quand on arrive à un anniversaire avec un revolver et deux fusils chargés, on ne peut pas parler d’un acte involontaire », concluait l’avocat général. Pour la tentative d’évasion du 5 mars 2016 avec usage d’une arme, pour laquelle Kévin Rouxel a été condamné à 5 ans de prison, lors des assises de première instance, « on ne pouvait pas faire appel pour l’un et pas pour l’autre. La consolidation pour la victime n’a été que du 31 août 2019 », rappelait-il avant de demander la confirmation de la peine.
Le procès se poursuit samedi 22 octobre avec les dernières plaidoiries de la défense et le verdict.

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