Le tribunal de Créteil vacille sur ses bases, il vient de perdre l’un de ses piliers. Personnage incontournable du palais de justice depuis plus de quarante ans, Jean-François Blay s’est éteint ce mercredi à l’âge de 72 ans. Depuis cette annonce, ceux qui ont bien connu cet avocat pénaliste multiplient les hommages.
Actuel bâtonnier du barreau du Val-de-Marne, comptant parmi les amis proches de Jean-François Blay, Edouard Billaux fait partie de ceux qui ont longtemps côtoyé cette « figure marquante reconnue dans toute la profession ».
En droit pénal, Jean-François Blay faisait en effet référence. « Il a fait casser plus de 1 000 procédures, rappelle celui qui a beaucoup appris au contact de son confrère. Comme d’autres au barreau de Créteil, il a été mon mentor quand j’ai commencé. Il a toujours été de très bon conseil, notamment lors de mes premières comparutions immédiates (CI), voilà plus de vingt-cinq ans. »
Ces procédures permettant de faire juger rapidement quelqu’un à la suite de la garde à vue, « il adorait », souligne Lucile Métout, qui a eu la chance d’écrire la biographie de l’avocat pénaliste. « Il disait que les CI, c’était là où il fallait être, là où il y avait les plus grosses erreurs, explique-t-elle. Avec beaucoup d’intelligence, il arrivait souvent à trouver la faille pour faire annuler complètement la procédure, ou pour gagner du temps. »
« C’était un très fin pénaliste », appuie Christian Lefèvre, un avocat très proche de Jean-François Blay. Ce décès ne constitue pas seulement « une immense perte pour le barreau du Val-de-Marne ». C’est aussi un ami qui disparaît, de longues et tardives discussions au cœur d’un tribunal de Créteil qui n’auront plus lieu. « Le courant est tout de suite passé entre nous, confie Christian Lefèvre. Il faisait partie des personnes animées d’un réel magnétisme, d’un vrai charisme. »
Ce charisme transparaissait notamment par le regard, « ces yeux bleus magnifiques » comme le rappelle Lucile Métout. Il s’exprimait aussi et peut-être avant tout par le verbe. Diminué physiquement, Jean-François Blay parvenait à capter l’attention et à déplacer des montagnes avec sa voix. Selon Christian Lefèvre, cette dernière était « remarquable, enveloppante, chaude ». Alors quand il parlait, « en général on l’écoutait », pointe-t-il.
D’un hommage à un autre, une facette de Jean-François Blay revient toujours : son humour volontiers piquant, voire provocateur. Du policier en faction au président du tribunal, en passant par les auxiliaires de justice et les agents chargés du ménage, tout le monde a eu droit à ses bons mots au tribunal de Créteil.
« Il était caustique, taquin, mais aussi dans l’autodérision, explique un avocat qui a souvent croisé son confrère au tribunal de Créteil et parfois, comme d’autres, poussé son fauteuil roulant. On pouvait avoir une discussion très sérieuse sur les dysfonctionnements de la justice et enchaîner sur un sujet beaucoup plus léger. C’était quelqu’un de vraiment attachant. »
Son humanisme est également unanimement salué. « Ce n’était pas le tableau de chasse qui comptait, mais l’intérêt de ses clients », souligne Christian Lefèvre. Jean-François Blay aimait les gens et souvent ces derniers lui rendaient bien, souvent avec le sourire.
Tous sont d’accord sur un autre point, essentiel : sa présence va manquer au tribunal de Créteil. « Je n’y suis pas encore retourné, confie Christian Lefèvre. J’appréhende un peu ce moment. »
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