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C’est la troisième fois en cinq ans que Philippe Clément, prof de violon, comparait pour viol devant une Cour d’assises, après la plainte déposée par un ancien élève en 2007. Condamné à deux reprises, il s’était pourvu en cassation. D’où ce nouveau procès à compter devant les Assises de l’Isère.
Une affaire de viol et d’agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité est jugée à compter de ce mercredi 23 novembre et jusqu’à vendredi 25 novembre par la Cour d’assises de l’Isère. Accusé, Philippe Clément, 62 ans, un professeur de violon grenoblois contre lequel l’un de ses anciens élèves, Fabrice, 38 ans aujourd’hui, a déposé plainte en 2007. Une procédure assez exceptionnelle, notamment par sa durée.
Il y a eu un premier procès, 10 ans plus tard, en 2017, devant la cour d’assises de Grenoble. Car, entre temps, Philippe Clément s’était pourvu en cassation contre l’arrêt de la chambre de l’instruction qui l’avait renvoyé aux Assises, confirmant ainsi la décision du juge d’instruction.
En 2017, donc, Philippe Clément est condamné à 11 ans de réclusion criminelle. Il va quelques mois en prison puis ressort car il fait appel. Il est rejugé, en 2020, cette fois-ci par la cour d’assises de Valence qui le condamne à 12 ans de réclusion. Il se pourvoit alors en cassation, d’où ce nouveau procès à compter d’aujourd’hui, avec un retour à la case départ, devant la cour d’assises de l’Isère. Vous suivez ?
Pour l’avocate de Fabrice, c’est plus qu’un parcours du combattant : « Fabrice veut que ca s’arrête » nous explique Maitre Sylvia Rizzi. « A Valence, j’avais dit que Fabrice venait déposer un fardeau toxique devant la Cour. Malheureusement, il a dû le reprendre pour raconter de nouveau son histoire devant la cour d’assises de Grenoble. Et cette fois, il espère que ce sera la dernière, car il a autre chose à vivre que de regarder toujours dans le rétroviseur. »
Du coté de la défense, Maitre Ronald Gallo, avocat du professeur de violon, estime que c’est la justice qui dysfonctionne et que ce n’est pas lui qui fait trainer la procédure. La preuve : la cour de cassation a bien cassé le verdict de la cour d’assises de Valence. « Au-delà du délai raisonnable pour juger un homme, le président de cette Cour a fait connaitre son avis, durant l’audience. En gros, il avait pris partie, dans une remarque qu’il avait formulée, pour la partie civile, ce qui est interdit. Il avait refusé ensuite que ce soit consigné par écrit » rappelle Maitre Gallo. « On s’est pourvu en cassation et on a eu gain de cause, la chambre criminelle de la cour de cassation estimant que mon client n’avait pas eu droit à un procès équitable.«
Maitre Sylvia Rizzi, avocate de la victime, Fabrice, raconte comment son client s’est retrouvé sous l’emprise de son prof de violon : « Mon client découvre le violon, enfant, lors d’un concert. Ses parents l’inscrivent à l’école Vivaldi à Grenoble et Philippe Clément devient son professeur. Il va beaucoup admirer cet homme qui lui dit qu’il a du talent et qu’il peut devenir concertiste. Mais tout au long de ces années d’apprentissage, il va y avoir de la part de ce professeur des attouchements physiques qui vont se faire de plus en plus pressants. L’emprise se met en place de cette façon et c’est ce qui a permis le passage à l’acte, quand mon client était majeur, en 2003 et 2004. Il n’y a jamais eu de consentement de sa part. Il a subi deux viols. Après le premier viol, il en a même vomi. Il était malade physiquement. »
De son coté, Maitre Gallo, qui défend Philippe Clément, et qui plaidera l’acquittement de son client, explique que la notion d’emprise est un terme à la mode mais que cela n’existe pas dans le code pénal. « Cela ne permet pas de condamner un homme sur cette base ! » affirme-t-il. Maitre Gallo poursuit : » Mon client a subi deux incarcérations, après ses deux condamnations aux assises, à Grenoble et Valence. Il a subi un choc carcéral et depuis il prend des neuroleptiques. Je ne suis pas certain qu’il sera en mesure de se défendre. On dirait un pantin aujourd’hui, il est comme un robot.«
Pour Maitre Rizzi, l’expertise psychiatrique a montré que Philippe Clément était quelqu’un de froid, sans affect, sans compassion pour la souffrance d’autrui. Et elle conclut : « Les trois-quarts de la vie de Fabrice sont occupés, gâchés, bousillés, même si le terme n’est pas très élégant, par les agressions puis les viols dont il a été victime. Il a plongé dans des addictions, de la dépression. Mais il a réussi à reprendre le cours de sa vie. Il a désormais une compagne et deux enfants et il a autre chose à vivre dans sa vie, de plus beau et de plus rayonnant. »
Le verdict est attendu ce vendredi 25 novembre. Mais Maitre Gallo prévient : « On hésitera pas à aller en cassation, si j’estime que des fautes ont été commises dans l’étude du dossier. »
Rappelons Philippe Clément, par ailleurs, marié et père de famille, avait été condamné en 2007, en première instance, puis en 2008 en appel, pour des attouchements sexuels sur deux autres de ses petits élèves, d’abord à 18 mois de prison avec sursis puis à 12 mois de prison avec sursis. Il avait été inscrit à l’époque au fichier des délinquants sexuels et depuis ce jour, il lui est interdit de travailler avec des mineurs.
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